La pureté plastique des peintures de Catherine est celle du désert, des lignes de dunes, de la pierre immobile dans la pleine lumière, recueillie. Pureté des plans étagés vers le lointain, rapprochés comme par un téléobjectif, presque à se toucher, se pénêtrer, se recouvrir. Désert habité de présences anciennes et silencieuses, où dans un creux, une faille, une grotte, surgit un signe, une inscription, la trace indéchiffrable d'une écriture.  
 
On ne comprend pas, mais une émotion nous retient là, silencieux. L'abstraction des formes, la géométrie, le jeu des couleurs et des textures, découvrent un monde, racontent une histoire, celle d'un jardin oublié, d'une promesse. Il était une fois..., une histoire familière, étrange et familière.  
 
Cette étrange familiarité pourrait être aussi, à l'opposé des grandes lumières, celle d'un art pariétal, des cavernes sombres éclairées par la lampe à huile, dans la proximité inquiétante des grands animaux sauvages, du sexe et de la mort. Vouloir-dire perdu, significations oubliées ; et pourtant : évidence de l'inscription du sabot dans la terre, du doigt dans l'argile, de l'étreinte.  
 
L'abstrait sensible offre au regard le réel comme on ne l'avait pas encore regardé, comme le microscope ou le téléscope transfigurent le visible. Cet abstrait-là n'ignore pas le réel, il en vient et y retourne, le pénêtre de façon plus aigüe, plus sensible. Abstrait étrange et familier, familier et étrange : qui retient l'esprit, l'aiguillonne, lui ouvre de nouvelles portes vers de nouveaux mondes.  
 
François Charru  
Août 2015